Isabelle Menu, architecte coordinatrice de la 2e phase de l’aménagement de l’écoquartier de L’Eau Vive à Lieusaint

« On vit dans un paysage »

Le paysage est, selon vous, le préalable de la réflexion urbaine. 

C’est en effet un préalable indispensable car c’est bien le paysage qui accueille et définit le projet urbain et architectural. Mon travail s’attache aussi à la complexité infrastructurelle, autour des gares par exemple celles du RER D ou du T Zen à Lieusaint. La question des limites, des abords, est intéressante à L’Eau Vive. Ce site borde 27
hectares d’espaces non urbanisés, il fait le lien entre le nouveau quartier et le paysage. La phase 2 est une opération de reconquête et de régénération d’une friche industrielle. Nous ne construisons pas ici sur un espace agricole ou naturel. Il fallait retrouver la forme de transition entre le bâti et le paysage ainsi que la couture entre
deux types de tissu urbain, celui de la maison individuelle et celui du logement collectif de l’écoquartier.

Quels principes directeurs ?

L’alternative à la maison individuelle doit être très qualitative. Les hauteurs n’excèdent pas trois étages et la volumétrie est fragmentée. L’architecture s’organise selon une logique de plots ce qui offre aux logements une double voire une triple orientation, et permet un meilleur confort thermique. Il faut garder l’accès au paysage. Nous
avons privilégié les vues et la porosité dedans/dehors. En optant pour du stationnement enterré ou semi-enterré, nous avons diminué l’emprise visuelle de la voirie et de la voiture qui prédomine encore. Sur chaque parcelle, les promoteurs sont invités à travailler le paysage. Des venelles publiques constituent des liens d’usage. Elles permettent aux habitants de circuler entre les propriétés jusqu’à la Serpentine, une grande noue, véritable chemin d’eau. Ce chenal méandré paysager, a été créé pour réguler le cycle de l’eau et donner de la qualité aux collectifs qui le bordent. Il favorise le contact du promeneur avec l’eau et invite à rejoindre les transports en commun.

Et quelle méthode ?

Nous avons choisi de travailler dans une logique de workshop qui réunit autour de l’aménageur, les promoteurs, les architectes, les bureaux d’études, les paysagistes… Ces ateliers se déroulent périodiquement et tout le monde joue le jeu en y présentant sa volumétrie 3D. C’est un work in progress qui associe également les élus. Il porte sur l’ensemble des aspects du projet, ses qualités thermiques et énergétiques, les équilibres financiers et le prix de sortie. J’occupe dans ce projet une position en coulisse dans l’animation d’un ensemble de partenaires. Tous les participants s’impliquent en ayant conscience que nous relevons un beau défi tous ensemble.

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